Rencard

Dans ce monde où la radio est reine pour les communications, elle ne se souvient pas avoir reçue une lettre sur un papier d’une telle qualité.
Admirative devant la calligraphie parfaite des lettres, elle en devine l’auteur avant même de lire le contenu.
Décidément avoir cet étrange personnage dans son groupe etait une agréable surprise. La vie ici ronronnait doucement depuis le début de l’hiver et comme elle n’avait aucune envie de s’endormir dans la trompeuse apparence d’une sécurité relative, elle aurait au moins l’occasion d’étudier de près l’individu haut en couleur.
Elle sourit à cette image osée pour un homme plutôt en noir et blanc

Une réponse simple et courte


Je suis disponible ce soir et les jours à venir et je serai ravie d’avoir cet entretien avec vous.

Rendez-vous est ainsi pris.
L'individu aura au moins attiré l'attention de la jolie scandinave semblant aux manettes technologiques du développement de cette cité.

L'individu aura enfin le loisir de discuter avec elle.
Il frappe à sa porte en début de soirée.
Il tient sa sempiternelle mallette, et apparait soigné et souriant.

"Lady Aslaug ? C'est Monsieur Oskär.. Mmh. Je ne suis pas en avance ? Mmh bien entendu."

Oskär est soigné.
Beau maintien et élégantes manières. Un côté dandy british avec quelques années derrière lui.
Il se surprend à avoir les mains moites, derrière la porte, sur la poignée de sa mallette...
Et si et si... Et si elle n'était pas là ?
Osera t-il insister et frapper encore ?

Elle est seule dans le vieil hélico échoué au bord de la falaise qui leur sert de refuge avec son rital.

Elle ne lui a d’ailleurs pas vraiment pas parlé du rendez vous pris avec le curieux vieil homme qui semble partager ses récents centres d’intérêts pour l’exploitation des ressources naturelles.
Elle savait le rital méfiant avec ceux qu’il ne connaissait pas… enfin c’est à dire avec presque tout le monde… vu qu’il n’était ni causant, ni liant, sauvage, distant et qu’il la surveillait de près avec une jalousie quasi morbide qu’il appelait coutume génétiquement italienne.
Au vu de l’age de son visiteur et, disons le bien, de son physique un peu particulier, elle ignora ces traits spéciaux du caractère du sicilien compensés le plus souvent par d’indéniables qualités dans bien des domaines. Elle ignora mais, pas folle, préféra se taire pour l’instant.

Quelques coups à la porte et une voix qu’il est impossible d’oublier qu’il s’agisse du ton employé ou des mots souvent précieux ponctuant le discours

Monsieur Oskar la surprend à une heure assez tardive

Elle hésite quelques secondes puis ouvre la porte

Son regard est attiré par cette mallette qu’il trimbale partout


Je vous en prie, entrez
Juste je ne m’attendais pas à une visite en soirée


Elle se recule pour lui permettre l’accès
L’endroit est assez vétuste mais confortable… du moins il le sera après quelques aménagements…qu’ils n’ont pas encore eu le temps de faire.

Elle avance un siège


Ne restez pas debout voyons
Je vous offre un verre ?

"mmh... Je... Peux repasser.. Plus tard, c'est cela.."

Un vieil hélico temple d'un couple né de ces terres en miette. Pour le moins original.
Voilà qui ravit assez notre étonnant individu.

Il s’apprêtait à tourner les talons lorsque la porte s'ouvrit.
Il découvrit avec une visible satisfaction la jeune et avenante scandinave...
Il n'était pas attendu.
La situation l’embarrasse, ça se voit également... Il entre néanmoins à la cordiale invitation d'Aslaug..

"Hmm.. Je. Mes excuses Lady Aslaug. J'afais cru que l'heure n'était pas trop tardive et.. Mmmh oui c'est cela. Désirez-fous que je..."

Il s'interrompt avant de proposer de repasser le lendemain. Après tout il a envie de rester, semble t-il.
Il s’assoit sur le siège qu'elle lui présente, dépose sa mallette à ses pieds et pose ses mains bien à plat sur ses genoux.


"Mmh. Je ne saurais abuser de fotre hospitalité. Mmh.. Je ne goûte que peu les alcools artisanaux que l'on troufe par ici.. Mmmhh oui bien entendu.
Quelque infusion me sera fort agréable. mmh. Ou de l'eau, oui c'est cela.. Mmh..."


Le vieux curieux regarde autour de lui, détaillant avec soin cette habitation saugrenue, un petit peu en pagaille, mais possédant un charme certain.
Investir une épave lui semble une idée judicieuse...


"D'où profiens votre exotique nom, Lady aslaug ? Hmm ? C'est cela. Peu commun, en effet.. mmh..

Je...
J'afais envie de parler avec vous de la suite.
De cette ville.
De ce que je peux y faire, sous fotre bienveillante supervision.
Mmh. bien entendu.
Fotre compagnon n'est pas là ?..."

Sa phrase était mal tournée avec ses allusions à l’heure avancée, elle se sent fautive d’avoir embarrassé son invité.

Une infusion

Elle affiche un air extrêmement perplexe.

Sa tête a beau se tourner vers les placards abritant leurs réserves personnelles, elle doute fort d’une possibilité quelconque de trouver un peu de verveine ou de camomille au fond d’un tiroir ?
Bon, elle du rhum ça c’est certain mais n’ose proposer un grog au miel alors qu’il vient de lui parler d’eau.
Faudra qu’elle s’habitue aux manières différentes de ce curieux personnage. Curieusement les hommes ayant fréquentés ses abris préféraient une boisson un peu plus forte.


J’ai du thé emprunté au serbe avec sa permission.
Il a le don pour se fournir en savoureux ingrédients pour sa cuisine et son bar.
Je vais nous faire un thé léger. Savez vous que moins longtemps le thé infuse, plus il conserve sa théine ?
Elle se libère dans les premières secondes puis vient l’arôme et ensuite les tanins qui neutralise l’excitant. Le but du jeu est de le déguster au bon moment suivant ce qu’on désire obtenir et sans en altérer le goût.


Elle cherche ses yeux

Vous vous demandez peut être d’où me vient cet intérêt pour cette boisson ?

De mon peuple Monsieur Oskär. Les Norvégiens apprécient les bons thés presque autant que les Britanniques… une façon de se réchauffer sans doute.


Tout en parlant, elle fait chauffer de l’eau sur un réchaud au gaz bricolé par son rital, puis met à infuser un peu de thé vert dans une vieille théière au bec ébréché mais qui a conservée intact un filtre permettant l’utilisation du thé en vrac. Le temps des sachets est depuis bien longtemps révolu depuis le crash.


Mon prénom est un prénom scandinave.
Il vient de Ass qui signifie Dieu
Et laug signifiant fiancée
Aslaug… femme fiancée aux dieux… origine nordique tres ancienne qui prend racine dans la mythologie.

Humm voilà pas plus de trois minutes d’infusion

Elle prend deux verres dans le placard

Vous m’excuserez mais il me manque encore un service en porcelaine

Sourire taquin

Pas facile pour un jeune couple de se monter en ménage de nos jours

Mon compagnon… s’est… absenté. Il va revenir


Elle se ferme un peu mais essaie de lui cacher et lui sert avec précaution un verre de thé

Méfiez vous c’est brûlant !

L’avenir de cette ville ?

J’ai la profonde conviction que ce qui fait grandir, évoluer une ville ne se trouve pas seulement intra muros mais est lié à sa capacité a trouver des matières premières à l’extérieur.


Un sourire franc

Ce qui me fait considérer votre arrivée comme une bénédiction.

La réception est cordiale, la jeune femme sait le mettre à l'aise, même si l'étrange Monsieur Oskär ne semble jamais tout à fait détendu du bulbe.
Il prend la tasse avec minutie, petit doigt levé mais il ne semble pas le faire exprès, il souffle sur le breuvage en inspirant ses effluves d'un air serein...
Il repose la tasse, pour laisser le thé refroidir tout seul, lui croise les mains sur ses genoux et reprend...

"Mmmh. Oui c'est cela.
Je serais ravi d'apporter. Mmh ma pierre.

Comme vous le savez, je ne suis pas.. Mmh, un homme d'armes.."

Là dessus il se saisit de sa mallette, la pose sur ses genoux et en actionne l'ouverture, il l'ouvre là où elle est et y plonge une main.
Méthodiquement il en sort un petit carnet de cuir fermé par un ruban, un encrier et une plume de métal.
Il referme la mallette et la laisse sur ses genoux, ouvre le carnet et l'y pose, son précieux bagage fera office de tablette.
Alors il ouvre l'encrier...


"Permettez que je prenne des notes ? mmmh...
Bien."

Il griffonne dieu sait quoi, puis reprend.

"Vous évoquez les matières premières.. Hmm.. Bien entendu. Cela suppose expédition en extérieur ? Hmm...
vous supervisez les travaux dans l'enceinte. Votre compagnon à l'extérieur Hmmm c'est cela. ai-je bien compris ?....

Quant au serbe, mmh, lui est dirigeant. chef militaire ?

Hmmm.....

J'ai aussi vu foule de cadavres là-dehors. Je suis inquiet pour l'hygiène. Cela n'attire pas les charognards ? mmh. Qui supervise les autorités sanitaires ? Mmh oui c'est cela...
"

Il griffonne encore. Il se révèle fort loquace, l'individu... Puis il reprend, sur un tout autre registre.

"Vous êtes mmh.. Délicieuse, ce soir, Lady Aslaug, si vous me permettez. Oui c'est cela.
Oh mmh, je suis un gentleman un petit peu périmé, aussi me permet-je.. Mmmh, bien entendu. J'ai toujours eu un faible pour les jeunes femmes blondes et élancées. Mmh."

Il est décidément étonnant, le vieux.
La drague t-il ? Le fieffé coquin. difficile à savoir, puisqu'il enchaîne de manière plus pragmatique....

"Mmh.
Qu'en est-il des relations de la ville ? Je ne connais personne ici, j'ai entendu parler de Niouvegasse.. Mmmh... Des amis ?"

Elle prend à son tour le verre de thé puis elle le regarde, suivant chacun de ses gestes avec une attention soutenue.
Amusant de voir le rôle qu’il laisse aux objets dans son existence. Entre ses mains, la mallette non seulement prend vie mais elle dispute la vedette au vieil homme.

Elle semble sans fond cette mallette… l’encrier, la plume, le carnet.
Il s’installe avec une tranquille assurance sans vraiment prendre conscience de l’étonnement qu’il provoque.
Dans quel milieu cet homme là avait il vécu avant le crash pour paraître d’un raffinement si désuet ?
Le contempler, c’est faire un voyage dans le temps.

Prendre des notes ?

Elle continue à fixer l’étrange personnage en face d’elle. Situation particulière qui fait se transformer un simple dialogue entre deux personnes étrangères l’une à l’autre en interrogatoire.
Un flash
Il y a bien longtemps sa mère, musicienne de renom, donnait parfois des interview et l’enfant qu’elle était, était fascinée devant son aplomb, son sens de la répartie, son humour.
Quelques secondes dans le passé puis un retour brutal dans un hélico délabré.
Il n’est pas journaliste, elle n’est pas soliste, n’a pas le charisme maternel et que diable écrit il ?
La jeune femme se raidit quelque peu. Oh ! Cela ne se voit presque pas. Peut être à la légère crispation de ses doigts sur la tasse.

Mais elle va lui répondre. Quelle que soit la méthode utilisée pour satisfaire une curiosité bien légitime sur le nouveau monde qui l’entoure et son organisation, il est en droit d’avoir des réponses.

Non je n’étudie pas l’architecture uniquement de l’intérieur Monsieur Oskär.
J’aime accompagner Tidus et Jenie et redresser mes manches, avec il est vrai, de plus faibles capacités physiques pour participer à l’effort collectif sur la construction et l’aménagement de nouvelles installations mais avec enthousiasme.

Un léger sourire

Vous voyez Jess en chef militaire ?
Militaire…concept d’avant crash non ?
Je pense que si ce nom convenait au serbe, je ne l’aurais pas rejoint. Mon père était un scientifique et il travaillait pour l’armée avant de disparaître à jamais. Je les ai eu en horreur. Peut être aurons-nous l’occasion un jour d’en reparler mais ce n’est pas vraiment l’heure et ça éveille chez moi des souvenirs douloureux.

Elle s’arrête un moment, les yeux dans le vague puis reprend doucement.

Appelez-vous militaire tout homme se considérant comme un meneur et qui n’a pas froid aux yeux pour se défendre ?
Le serbe est à mon sens un homme qui puise dans son mental la force nécessaire à assurer notre survie à tous…je pense qu’on peut lui trouver un autre nom concevant mieux à cette situation, ne trouvez-vous pas ?

Elle pense à ses autres questions

L’hygiène

Je ne suis pas spécialiste et il y a un médecin ici mais je pense que l’hygiène à cette altitude est profondément simplifiée. La température de l’air ne favorise pas la prolifération de germes et les restes congelés des malheureux morts en chemin ne me paraissent pas une menace pour l’instant.
Je ne pense pas que vous ayez été gêné par des odeurs de putréfaction à votre arrivée, si?
J’avais un cimetière à 404… peut être est ce à envisager un jour ici… mais il reste tellement de possibilités de construction. Je préfère m’occuper des vivants plutôt que des morts même si cela peut vous choquer.

Est ce à ce moment là, alors qu’elle se fait un malin plaisir de surfer sur le thème de la mort, qu’il change lui de registre et s’essaie au charme.

La blonde est partagée entre un réel amusement et la crainte rétrospective de l’arrivée d’un rital à cet instant précis de la conversation.

Peut être faut il mieux pour la santé du vieil homme qu’ elle lui fasse comprendre d’une manière définitive qu’elle ne le laisserait pas jouer dans ce registre.

Pour elle, simple galanterie d’un vieillard à la politesse exquise. Pour le rital, dont la jalousie obscurcissait à jamais le jugement, une phrase impardonnable.

Elle lui répond doucement, l’œil un peu rieur.

Votre goût sur la blondeur est partagé par l’homme qui partage mes nuits mais évitez ce sujet.
Parce que vous aurez l’occasion de vous côtoyer, sachez que l’italien aime avoir l’exclusivité des compliments sur la femme de sa vie.

Puis elle enchaîne, ne lui laissant pas le temps de répondre. Une manière de clore, elle l’espérait, ce thème un peu sensible de sa vie privée.

Pour lé géopolitique, voyez donc avec Jess… je me considère à titre personnel comme en vacances politiques …besoin de reprendre quelques forces psychologiques après pas mal de déceptions et… d’une manière plus générale je ne me sens aucun droit pour parler au nom de cette communauté . Mes compétences ici se limitent à l’architecture et à participer, du mieux que je peux à la gestion intérieure.

Je vous sers une autre tasse ?
Racontez moi un peu votre vie

La question a fusé sans trop de fioritures.
Il faut dire qu’elle est curieuse d’en savoir plus à la fois sur son passé et sur son étonnante survie.

Il sourit, réellement cette fois.
La discussion s'anime, la scandinave se révèle plus loquace qu'il l'eut imaginé.
Il griffonne, hiérarchise, organise précisément, suit le fil de la conversation. L'individu est méticuleux.


"MMh. C'est bien ça. Mmh.
Fous savez, Lady Aslaug, à mon age on fait impasse sur les querelles d'ego.. Mmmh.. Entendu.
Fotre ami ne saurait se sentir menacé par les quelques compliments bonenfant que je fiens de vous faire. Lesquels étaient sincères.. Mmmh... Entendu.
Chapitre clos. Je n'aurais l'audace de faire la cour à une femme accomplie telle que fous, je pourrais être fotre... aïeul."

La tasse est vide.
D'un signe élégant de la main il accepte une seconde tasse. Il est souriant et serein.
La conversation s'installe confortablement et se révèle agréable.

"MMMh. Bien. La géopolitique n'est pas tellement mon rayon, à moi non plus.

Entendu... Mmmh... Jene manquerai pas de solliciter Monsieur Milosevik si j'afais des questions."


C'est là que son regard se fait plus sombre, plus vide, aussi, comme s'il se perdait soudain dans ses pensées, ses souvenirs...


"D'où je viens. Mmmh.
question légitime. MMh. entendu.
Comme beaucoup d'entre nous, mmh... Je feux parler des survivants... J'ai passé quelques années dans un abri. Mmmh. Un abri autonome, c'est cela...
Années.. Mmmh, nombreuses, finalement.
Avant cela j'ai exercé plusieurs métier... Mmmh... Appelons-cela.. Mmmh... Trafaux publics.
"

Le récit est assez confus, et il semble moins à l'aise que quelques minutes auparavant...

"La surfie dans l'abri fut.. Mmmh, aisée... Larges parois, enfoui.. Mmmh... profondément.
J'afais moi-même hmmmm... Participé à sa conception.
Y fifre, cependant... Mmmmmh... Fut... douloureux, oui c'est cela. L'âme humaine se réfèle parfois.. Sombre..
Mmh...
Je consignerai tout cela.. hmmm sur papier... Je serai alors plus... enclin à vous détailler dafantage ma vie.

... MMh c'est cela.

Comprenez simplement que m'en être échapp... MMmh... J'entends afoir rejoint la surface est une libération.. Mmh entendu, un noufel espoir, pour moi.
Quelle chance de fous avoir trouvés.... Tous... Mmh, c'est cela..."


Il se saisit de la nouvelle tasse de thé...

"Fous semblez afoir vécu longtemps à la surface. MMh c'est cela.
Y afez-vous trouvé.. Mmh. Le bonheur ?"

Son aïeul
Difficile de donner un age à ce personnage hors du commun au look irréel.
Un grand-père… un père…

Elle l’écoute silencieusement aborder le sujet de l’avant crash et des années de survie dans un abri.
Elle sait, pour en avoir parler avec de nombreux survivants, que le vécu post chaos avait marqué l’esprit des hommes aussi fortement que le traumatisme de l éclatement du monde même si la violence du choc avait surpris.
La société d’avant cachait sa pourriture sous un vernis de bienséance, d’éducation, de simili culture… tout ce qu’on appelait civilisation.Cela masquait des ignominies mais la décence voulait que la plupart des humains de l’époque fassent semblant de ne rien voir.
C’était fou de réaliser à quel point le vernis s’était écaillé avec facilité… laissant l’homme retrouver sa barbarie originelle.

Elle ne jugeait pas, ne se désolidarisait pas de ces frères de sauvagerie.
Même si souvent, elle le savait, on avait raillé sa douceur et son humanité… elle avait parfois commis l’impensable au nom de la survie et sans que celui lui laisse des remords qui l’empêchaient vraiment de dormir.


Oui… je suis depuis plus longtemps que vous à la surface
Je n’ai pas vraiment connu cette notion d’abris… du moins d’abris civils mais j’ai eu vent de leur existence.
Au moment de la catastrophe, j’étais….

Elle cherche ses mots, hésitant sur le terme à employer

Recluse…en observation pourrait on dire… et c’est la destruction des bâtiments me retenant qui m’a libérée, me permettant de rejoindre la surface.
J’ai fait comme beaucoup, j’ai marché au hasard. Trop confiante au début, dépouillée de mes maigres possessions par un mec qui pourtant avait l’air d’être un type bien… puis j’ai pris peu à peu de l’assurance, assez pour m’assumer seule, trouver de quoi me nourrir dans les vestiges des villes détruites puis prendre la tête d’un petit groupe.
On était encore des gosses. On ne faisait rien de mal et souvent les rires qui fusaient entre nous, faisaient oublier la peur.
A ce moment là, grâce à une vieille radio trouvée dans une carcasse d’auto, j’ai pu écouter les appels et joindre New Vegas.
Celui qui a été un temps mon frère, a bien voulu partir à notre sauvetage.
Il m’a sauvé de justesse, j’étais mourante après une attaque.
Un gars du groupe a pu me suivre et rejoindre la Samsara. Les deux autres sont restés en arrière.

Elle murmure, presque pour elle

Quelque part je me dis que j’ai sauvé ma peau en les abandonnant à leur sort.
Je voulais vivre… comprenez-vous cela ? J’étais si jeune… cela n’excuse rien, je le sais…

Elle le regarde cherchant ses yeux

Et je serai incapable de refaire la même chose aujourd’hui, si cela peut vous rassurer pour notre prochaine collaboration.

La suite… C’est le désert….Des années à me former puis à prendre la tête du deuxième groupe de Tato.

J’avais une dette envers lui.
Je pense sincèrement avoir payé cette dette même si, après notre…rupture… il a pu penser le contraire.
Je l’ai payé en le secondant pendant des lunes.
Je l’ai payé en faisant vivre 404, la cité qu’il avait décidée de créer avec l’accord de Végas.
Je l’ai payé en sortant cette ville du néant avec le peu de moyen qu’il avait laissé pour nous protéger.


Cette notion de bonheur la rend vraiment loquace… ou alors est ce l’impression rare pour elle depuis des lunes de côtoyer une génération proche de celle de son père.

Le bonheur ne se trouve pas Monsieur Oskär… il se kidnappe pendant les rares moments où l’on peut souffler et se rendre compte qu’on est en train de vivre des tranches de vie qu’on apprécie.

En tout cas j’ai retrouvé une certaine sérénité ici.
L’Outpost contrairement à 404 n’est pas le fruit d’une ambition guidant un guerrier devenu trop mégalo.
Ce n’est pas un miroir pour l’ego d’un bouddhique qui avant tout restera un nomade dans mon esprit.
C’est un lieu investit par un réel désir de reconstruction qui va bien au-delà de nos différences, de nos vécus antérieurs.

Et vous-même, que connaissez-vous du bonheur ?

Il écoute.
Impassible.
La regardant dans les yeux, mais sans insistance.
Il semble réellement boire ses paroles, s'en imprégner. Il a même arrêté de griffonner son carnet.
Le bonheur...


"Foilà un chapître auquel j'aurais du mal à répondre.. Mmmh oui c'est cela... En effet.


Il sourit.
La regarde fixement.
Mais dans ses yeux s'allume une lueur étrange.

"J'ai dû faire afec la survie en abri.. Mmmh, entendu.
Je ne dirais pas qu'il s'est agi d'une prériode.. Mmmh.. Heureuse. Mmmh... Entendu."


Il repose sa tasse avec soin, mais une tremblote qu'elle ne pourra pas ne pas remarquer l'atteint... Et en regardant son visage de plus près, il semble soudain que de minuscules gouttes se forment sur son crâne lisse... Ses yeux se faisant plus hallucinés que d'ordinaire...

"Je... Mmmh.. Je crois qu'un peu de rep...."


Il se lève, maladroitement, tenant mal sur ses vieilles jambes.
Et tombe à genoux, prenant son visage dans ses mains... Fébrile...



"Je me sens... mmmh... Tout fa bien.. Je....
Hmmmm

...
mmmh"