∞ Iris Funere Ω

Face contre terre, elle sait.
Son corps ne répond pas à la demande d'état des lieux, seulement le froid qui la gagne par ses extrémités.
La faucheuse lui sourit.

Soupir intérieur, elle revis la moindre fraction de seconde de sa chute, au ralentis. Salope, t'aurais pu me prendre d'une façon plus élégante... on réglera nos comptes, en enfer...
Quand Gouache approche elle sait déjà qu'il n'y a plus d’échappatoire. Alors elle lache prise avant d'être atteinte. Inutile de la mettre en danger elle aussi et d'ajouter le sentiment de culpabilité pour lui avoir tenue la main et ne pas avoir pu la remonter.
Vis, soit heureuse, je le suis d'avoir été aimée du plus bel humain du Fract. N'ai pas de regrets, tu m'a déjà tant donné.

Quand elle atteint le sol elle sent et entends ses os se rompre elle pourrait même compter le nombre exacte de fractures.

Une voix dans le lointain, sa Gouache L'appelle. Elle voudrait se retourner, lui sourire et lui faire signe mais elle ne peux qu'agiter ses doigts dans des mouvement imperceptibles.

Le froid s'estompe déjà, ce dernier sens s'éteint, elle se laisse draper dans la douce torpeur du néant... Il est l'heure, elle ferme ses paupières sur l'anneau coloré qu'elle gardait jalousement au creux de sa poitrine, ses poumons se vident pour la dernière fois.

Elle sera découverte par ceux qui la rejoindrons en bas un sourire paisible aux lèvres, mince filet de sang s’échappant d'entre elles.

Je me baladais tranquillement en dehors du bunker, profitant d'une brise légère au crépuscule. La journée s'était déroulée sans encombre, comme beaucoup avant celle-ci, jusqu'au moment où j'entendis les hurlements de Gouache. Alerté, pour ne pas dire extrêmement surpris, je me précipite vers l'origine des cris à grands pas. Rarement je n'eus courus aussi vite, espérant arriver à temps pour voir ce qui se passe. Lorsque j'attends enfin l'endroit où se trouve la femme aux cheveux bleus, je la trouve, là, contre le bord de la falaise.

Qu'est-ce qu'il s'passe? Tout va bien? Tu n'as...

J'aperçois alors seulement la vision macabre. Mercredi, jetée à bas de la falaise, inanimée...Mes yeux ne parviennent pas à se détacher de la scène en bas.
Il me fallut quelques instants pour revenir à la réalité.
Merde...mon matos! Vite! Gouache? Tu as prévenu les autres?
Je ne sais pas pourquoi je faisais ça. A une telle hauteur, la chute ne peut se révéler que fatale. Et j'ai encore l'espoir qu'elle s'en soit sortie. Soit un peu réaliste bon sang! Il faudrait un miracle pour qu'elle s'en soit tirée, et si c'était le cas, elle serait sans doute paraplégique. Je ralentis alors mes mouvements. me figeant sur place, les yeux voguant de Gouache à la falaise, puis de la falaise à Gouache... Finalement, un son sort de ma gorge, puis un autre, puis des mots. Enfin, c'est toute une litanie que je parviens à prononcer.
Voyez cela je vois mon père. Voyez cela je vois ma mère. Voyez cela je vois mes frères, mes soeurs, mes ancêtres. Ils sont tous là et me regardent. Ils m'attendent dans le palais du Valhalla. Où les braves vivent à jamais.
Odin. Accueille en ton foyer Mercredi. Qu'elle puisse goûter au festin que tu as préparé pour ceux dont la valeur et l'honneur ont guidé les pas.

Après quelques notes de plus dans le registre de maintenance, une voix sur sa fréquence privée.
C'était Gouache.

" - Jess ici Gouache ..... Viens vite Aile Est Troisième escalier du couloir des salles d'entrainement! "

Aile Est, troisième escalier... c'était un de ses escaliers extérieur du complexe. Là ou la neige était encore présente... là ou bien des choses peuvent se passer.
Mais la Barmaid ne lui dit pas pour quelle raison il doit venir vite, ni pourquoi lui. Tentative de viol ? Agression ? Accident ? Un intrus dans cette zone ? Un accouchement ?
Merde alors... que prendre pour faire face à un problème inconnu ?

Ce n'est qu'avec deux pistolets et deux armes blanches que Milosevik prend la direction de l'endroit indiqué. Sur le chemin il tente de la rappeler pour lui demander quoi. Pas de réponse.
En arrivant en vue du fameux lieu désigné, le Serbe voit trois autres personnes avec elle. Ils regardent tous vers le bas du bord de falaise.
Zut... un entrainement extérieur qui s'est mal passé ? Un apprenti alpiniste qui a fait le grand saut ?
Surement puisque Ed est déjà en train de descendre avec du matériel. Soit ils devaient l'utiliser avant, soit il avait été prévenu après les autres.
Dans tous les cas le balafré se sent inutile en arrivant constater quelque chose deja constaté. Ce qu'il avait de mieux à faire et de partir prendre une sacoche de premier soin et une civière.

Demi-tour et retour avec le matériel en tête, Milosevik retrouve les quatre présents autour d'un corps qu'ils ont remonté.
Plus il avance avec la civière sous le bras, plus la silhouette se dessine à la vue. C'était un peu comme un oeuf Kinder sans la joie que ça peut procurer... qui avait il entre ces quatre personnes ?
C'était la petite brune. Petite Gothique d'apparence. Mercredi. Jour de la semaine. L'ex protégée d'un Capitaine Fomoire à qui il avait préparé une spécialité Serbe à Oiléan Thorai. La même fille qui avait tiré une balle par accident sur le pont de déchargement du port. Un vrai danger, une impulsive, une tête de mule capricieuse. Certains pouvaient la détester et d'autres l'adorer. Elle avait vécu le mardi, survécu le mercredi mais ne verra pas le jeudi. Elle était morte.

Tranquillement... oui, dans ce cas précis, plus la peine de courir... Milo arrive et dépose la civière près du corps. Il regarde un à un ceux présents et demande lentement:

- Quelqu'un a vu ce qu'il s'est passé ou on met cela sur un possible homicide ?

Pauvre petite Mercredi... il ne pourra plus lui mettre de roulée derrière l'oreille.
Comme quoi on peut échapper à des morts incroyables sur ce continent... et d'un autre part mourir de façon super conne.