L'art de ....

Depuis qu'elle séjournait dans le fond, fond du puits, Pam n'avait plus qu'une idée en tête, aller encore plus profond, plus loin.
Mais elle était bien consciente qu'elle ne possédait ni le souffle, ni l'entraînement pour de tels périples aquatiques.
A chacune de ses descentes, il y avait la remonter, et à chaque fois elle avait l'impression de faire un bad trip, la tête lui tournait et le souffle lui manquait. Elle revenait à la surface et il lui fallait des heures avant de pouvoir reprendre l'échelle en étant sûre de ses mouvements et que ses gestes ne l'abandonneraient pas avant le dernier barreau.

Ha oui, elle la tenait bien haute ...la barre....elle ne se fixait pas de limites spéciales....mais là, elle allait devoir avoir recours à une tierce personne.

Son choix après une bonne demi heure de trempette se porta finalement sur Fred !
Pourquoi ? hum aller savoir, une petite rancoeur, un sentiment de ne pas être allée jusqu'au bout des choses ?
Non; non n'allez pas imaginer juste par pure sympathie, faut pas rêver non plus !

Pam ressortit donc du puits et partit à la recherche de la dite personne qu'elle trouva en train de bricoler comme à son habitude la carlingue d'un vieux coucou qui ne risquait pas de sitôt de chanter encore.

Elle s'approcha d'elle, et n'hésita pas en guise de salut poli et courtois à secouer ses cheveux encore mouillés.
Elle aurait pu s'y prendre différemment mais bon....c'était Pam et surtout c'était Fred !

Dis....t'as deux secondes, j'aurai besoin de tes services....c'est possible ? lui demanda t-elle d'une voix cajoleuse presque.

La réponse que lui donna Fred ne surprit pas Pam, après tout, elles étaient bien comme chien et chat....restait juste à savoir qui faisaient la chienne et qui faisait la chatte....

Pam était maladroite et pour cause avoir été élevée par des pirates et qui plus est des hommes qui lui passaient tous ses caprices, histoire d'avoir la paix et de ne plus entendre ses cris n'avait en rien arrangé à son caractère de chieuse.

Mais pourtant, depuis Varonn, elle s'était un peu...oui un petit peu améliorée !

Ben si t'as bien deux secondes, de toute façon ton vieux coucou ne va pas démarrer maintenant !
et puis j'ai besoin de toi !!

Oh la vache, c'était sorti tout seul *j'ai besoin de toi*, merde, elle l'avait dit....oh la boulette... fallait une parade de diversion alors elle s'empressa de lui prendre le cable métallique des mains.

Donne moi ça et viens d'abord m'aider....euh je veux dire, viens voir !

et d'étudier le câble en main ;

Tu comptes t'en faire un collier ? hein avoues !

Pam la fixait, elle se demandait bien qui Fred aurait elle voulu étrangler, vu l'éclat dans son regard.
Peut-être qu'elle pensait justement à elle ?

Elle avala sa salive faisant la grimace un court instant.

Puis la dernière phrase de Fred, fit changer une fois encore le visage de Pam.

Ha ! pour sûr elle n'était pas sourde la Fred ! et elle entendait même bien quand elle voulait, surtout ce que Pam aurait préféré ne jamais avoir à prononcer qui plus est à Elle !

Mais elle finit par se mettre à rire, un air ancien lui vint soudainement à l'esprit.

Ce fut finalement en gardant le refrain en tête qu'elle lui répondit :

Oh non ! non ! besoin de rien ...envie de ....

Mais elle se ressaisit tout de suite et d'un ton qui se voulut plus sérieux, elle arriva directement aux faits :


Est ce que tu saurais me trouver un très très long tuyau non percé ? mais vraiment trèsssssssssss long ? !


Elle garda néanmoins un peu de mystère pour ne pas lui dévoiler à la seconde son plan, son idée et surtout son réel besoin !!!...

Pam la regarda incrédule, elle fronça les sourcils et lui répondit:

C'est le diamètre là que tu me demandes ? parce que 40cm je ne vais vraiment pas aller loin !

dis donc ! j'ai des idées de grandeurs moi ! je ne me cantonne pas de si peu !
si peu !!!

non...il y aurait bien besoin de.....

elle sembla réfléchir....combien de distance pouvait il bien y avoir là dessus....

M'en faut bien plus ! mais franchement il va falloir que tu viennes voir par toi même, là je ne suis pas aussi douée que toi dans ce domaine pour te donner une longueur correcte, et si je suis approximative, après je pourrai risquer ma peau et je n'y tiens pas !

T'as assez de souffle au fait ?

Ben oui, elle n'allait pas en plus se la taper si elle ne tenait pas la longueur en apnée !!
Elle sourit en l'imaginant en petite tenue....

Fred resta en arrêt durant quelques secondes. C'était quoi cette invitation à venir estimer la longueur correcte !

- Pardon ?

Le regard de Fred se mit à caresser les formes de Pam. Jamais, elle ne l'avait imaginé sous cet angle-là. Il fallait l'avouer la pirate n'était pas désagréable à regarder. La demande n'en restait pas moins surprenante. Fred ferma son poing droit et d'un coup d'oeil estima la longueur de son avant-bras. Elle regarda Pam. Elle regarda son bras. Non vraiment, à froid, comme ça, avec la séance du lance-pierre et les remarques comme quoi Pam pouvait lui casser la gueule quand elle voulait, ce n'était pas possible, même en y mettant du sien. Elle soupira. D'ailleurs à ce propos...

- Du souffle ? Parce qu'il faut en plus avoir du souffle ? Tu veux que je gonfle quoi ?

Cette fois ci Pam ne put se retenir de rire.
Fred avait le chic pour poser les bonnes questions, et finalement elle sut qu'elle avait eu raison de venir la voir ELLE.

Suis moi donc d'abord ! et après une fois sur place je t'expliquerai clairement ce que j'attends de toi et de tes talents !

Si si ! ne me regarde pas comme ça et viens avec moi !

Aller quoi ! viens !

Et Pam vint saisir le bras de Fred avec le sien pour tenter de la tirer vers le lieu de sa passion.
Ha son contact elle eu un frisson, mais se garda bien d'en faire tout un étalage......

Il fallait bien ce qu'il fallait, Pam gardait son idée en tête et n'en démordrait pas alors si pour cela elle devait passer par une saisie de Fred, elle n'allait pas s'en priver !
Néanmoins lorsque la mécano d'avion glissa sa main dans la sienne, son sang ne fit qu'un tour, mais elle ne dit rien. Elle la regarda du coin de l'oeil légèrement troublée par les doigts qui s'entrelaçaient.
Fred, elle ne lâchait pas le sol des yeux, et quand la liquoreuse question tomba elle ne vit pas le large sourire de satisfaction qui vint éclairer le minois de la flibustière.

Où je t'emmène ?
ben tu n'en as même pas une petite idée ?
Rhooo Fred ! tu sais y a pas que les carlingues d'avions dans la vie ! y a le ...... [elle baragouina entre ses dents un truc] euh, je veux dire y a le Puits aussi !!!

Et elle la tira davantage pour accélérer le pas, elles n'avaient pas toute la nuit...enfin...pourquoi pas, mais bon, la spontanéité de la blonde était tel, qu'il lui fallait tout, tout de suite !

Finalement elles arrivèrent à destination.
Bon, t'es prête pour un bain de fin de journée ?

Pam montra l'échelle tout en commençant à se déshabiller.

Aller, dépêche toi ! si on traîne trop on n'y verra plus rien en remontant.

Elle gardait bien son secret et pour sûr qu'elle ne lui dirait que si cette dernière avait le courage de se mouiller !......

Pam qui était en train de finir de tomber son pantalon s'arrêta net !

Mince elle n'avait pas songé à ce petit détail

Tu ne sais pas nager !

ha merde....merde...de merde....

Elle semblait réfléchir, et partie au pied du vieux chêne, d'où elle tira une très longue corde, puis une plus petite.

Elle revint avec le tout.

Bon....t'es capable de retenir ton souffle ?

Pam se tenait face à elle, seins nues, petit tanga blanc sur les fesses sans aucune gêne, mais surtout l'air très inquiet quant à la possibilité de Fred de retenir sa respiration, faire de l'apnée.


Quand tu arrives en bas, oui, tu as pied, tu as de l'eau à hauteur des genoux, ou des cuisses, c'est suivant, ça tombe à pic après quelques mètres. [elle semble parler pour elle]

moui, au pire....je peux accrocher la grande à l'échelle, je devrai en avoir assez, et la petite à nous deux....ça pourrait....ça pourrait le faire....

Elle jeta de nouveau un oeil sur Fred.

Bon alors cette respiration tu la tiens ou pas ?

dit-elle en faisant une mimique avec sa bouche; pour sûr elle aurait pu lui fournir un très bon exemple de retenue d'air.....



(trait d'humour à prendre au second degrés, merci ! et le lien entre l'avion et Fred qui les répare. Une pensée pour les disparus.)

Très louche ce plan corde dans la marre. Les nazis se contentaient de baignoires pour jouer avec la respiration des gens, Pam préférait les trous d'eau.

- Je la retiens ma respiration mais pas une heure non plus.

Y aller, ne pas y aller ? Un pile ou face mental. Ce n'était pas pire que de sauter d'un avion sans parachute. Fred l'avait déjà fait. Ce n'était qu'un défi de plus. Fred enleva sa tenue de travail, mais garda ses sous-vêtements. Ce n'était pas son habitude de faire du nudisme alors que n'importe qui pouvait passer par là.

Fred se chargea de la corde la plus longue et descendit. Un noeud solide en bas de l'échelle, puis elle attendit les directives pour la suite des opérations.

Pam éclata de rire

et bien tu vois ! quand tu fais pas ta sale tête de cochon !

(l'hôpital qui se moque de la charité)

Pam plongea directement depuis le bord en visant bien le milieu, maintenant qu'elle en connaissait les moindres recoins, c'était chose périlleuse mais aisée pour elle.

Elle nagea et regagna la rive, elle tendit la plus petite corde à Fred.

Bon ton noeud va tenir ?
tiens attache toi celle ci là où ça va moins te gêner pour tes mouvements.
bon si au pire t'es pas à l'aise je pourrai toujours te tirer...mais bon....

Pam lui afficha un sourire radieux limite diabolique.
Puis elle finit enfin par se décider à expliquer à Fred ce qu'elle voulait :

Là en dessous y a tout un réseau de grottes, de galeries, de rivières et j'en passe, c'est superbe, mais j'ai besoin de....d'un système pour nager plus longtemps et plus vite, comme des palmes, ou des bouteilles d'oxygène....

la première grotte est facile d'accès, il y a un point au milieu du parcours pour respirer, mais les suivantes ....ben je n'y arrive pas.

Tout en gardant son sourire passionné, elle attendit la réaction de Fred.

Tandis qu'elle voit Fred retourner vers l'échelle, elle sent en même temps son rêve lui échapper, alors elle court pour la rattraper par le poignet.

Non je ne veux pas me transformer en montgolfière ! tu serais encore capable de me piquer les fesses pour voir si je ne partirai pas en faisant des loopings dans les airs !

Puis desserrant un peu sa prise elle réfléchit à sa question....dans le noir ?....hum...il devait bien y avoir des zones plus sombres certainement....et puis au pire elle avait sa vieille lampe torche ça ferait bien l'affaire !

Si j'ai une torche ...si les piles tiennent !

Elle lui lance un regard interrogateur
Bon ben puisque t'es là, et que t'as peur de descendre.....
t'as qu'à en profiter pour te laver !!!

et elle finit sa phrase en l'éclaboussant royalement.

Elle a froid dans le dos. Un long frisson lui parcourt l'échine.

Mais elle reste bien incapable d'analyser la situation.
Pourquoi ? parce qu'elle se retrouve contre Fred, chose à laquelle elle ne s'attendait pas du tout, ou bien l'idée de la chute libre.

Alors pour essayer de retrouver un peu de contenance elle lui répond :

Pff ! parce que tu vas me jeter d'où ? hein ? pas d'un avion en plein vol ! pff

et de finir en marmonnant entre ses dents

de toutes façons je me retiendrai à elle d'abord !

La première réponse de Fred glaça le dos de Pam....en haut d'une montagne ? dans le vide ? brrrr
Elle savait pourquoi elle préférait la mer ! le vide était moins palpable, malgré l'immensité des océans.

Et voilà de nouveau que le dos de la blondinette est le terrain d'un passage de main, lent, qui se vaudrait presque charnel.
Elle regarde Fred étrangement, elle a la langue levée pour dire quelque chose tandis que cette dernière la relâche et recule d'un pas.

Pendant que ce déroule cette scène, le temps au dehors du puits a changé brusquement, le ciel s'est alourdi de gros nuages gris et l'atmosphère est chargé d'électricité.

Fred explique à Pam qu'elle va s'occuper de "ses nageoires" et commence à gravir les premiers barreaux.

Les yeux de la blonde vont vite, elle relève la tête sentant la première goutte de pluie tomber sur le bout de son nez et dit à Fred :

Ouh...la...la dépêche toi un peu de monter, il va y avoir un gros orage sous peu et on va se faire tremper !

Mouillées ? ne l'étaient-elles pas déjà ? certes, mais la température avait chuté rapidement et elles auraient bien vite froid si elles ne se dépêchaient pas plus.

Alors Pam attrapa elle aussi les barreaux et poussa de sa main les fesses de Fred :
Monte plus vite !!!

Non vraiment, elle n'aimait pas les orages, en mer, cela n'augurait rien de bon.

L'orage bat son plein à merveille, bel orage d'été en pleine montagne, le ciel se fait déchirer par des éclairs donnant des flashs de lumière sur la petite communauté.

Pam regarde ses habits pas la peine de les essorer dehors, ni même de les passer, elle n'arriverait pas à le faire, et surtout elle n'est pas aussi tenace que Fred.

Quoi belle idée ! ma baignade et moi ! mais je te signale que si tu n'étais pas une poule mouillée nous aurions pu aller faire de la plongée ! alors Madame je te retiens ! moi aussi ! tu vois si tu me disais de sauter en parachute avec toi je ne me serrai pas dégonflée moi! Madame !

La pluie coule à grosses gouttes, laissant les deux femmes dégoulinantes des pieds à la tête, la scène vue de l'extérieur pourrait bien faire rire.

Bon chez toi ou chez moi ?

Fred ! mais qu'est ce que tu vas me croire ? Je te propose pour te sécher !
si t'as des trucs à ranger d'abord je vais t'aider, mouillée pour mouillée, on peut bien finir de ranger ton matos à deux ça ira plus vite....
et j'ai pas envie que tu tombes malade après tu diras que c'est de ma faute....

elle lui fait un sourire et reprend

et si t'es pas opérationnelle, qui je vais pouvoir emm...euh, qui va me faire les palmes ?

elle lui colle un coup de coude,

et puis...dans ce cas après tu viendras dans ma cabane, je te ferai un thé chaud pour me faire pardonner !

elle finit sa phrase en éternuant.