Retour à la réalité...

Des lunes et des lunes s'étaient écoulées depuis que Stark, leader de l'Ordre s'était déconnecté pour la première fois de la réalité, naviguant dans un environnement brumeux, n'ayant plus aucun contact avec la réalité pourtant violente et dangereuse qui l'entourait. Depuis cette engueulade avec Mercredi et Gouache à propos de la nouvelle venue. Depuis cette violence qu'ils avaient tous libéré à l'intérieur des murs de leurs hôtes, avec une irresponsabilité totale.

Depuis ce jour où il avait récupéré les bagues de l'Ordre, il s'était enfermé dans ses quartiers, fumant, buvant, ne se montrant qu'à de rares occasions. Il n'avait été pendant toute cette période que l'ombre de lui même. Chaque personne était restée loin de lui et ça lui convenait très bien. A plusieurs reprises il s'était préparé à abandonné, à les laisser tomber. Mais il devait être fort et résister à cette envie si tentante de s'en aller, seul, sans plus aucune responsabilité, sans plus aucune vie entre ces mains... Et plus les jours passaient et plus l'envie grandissait, d'abord rumeurs, puis murmures dans son esprit, elle ne tarda pas à se matérialiser pour devenir quasi perceptible, une quasi réalité dans le monde d'ombre et de brouillard qu'était devenu son esprit...

Mais peu à peu, autre chose, de plus profond, de plus fort se fit ressentir. Le devoir qu'il avait envers ceux qu'il avait dirigé jusqu'à maintenant. Envers ceux qu'il avait considéré comme des frères d'armes, ceux qu'il considérait toujours comme des frères d'armes... Puis un jour, alors qu'il était assis dans sa cellule, regardant son poignard, celui qu'il portait depuis bien longtemps, celui qui représentait à la fois sa personne et ses convictions, ses idées et son lui profond, il se "réveilla". Il posa les substances qu'il était en train de se préparer, se releva, s'étira, puis accrocha son couteau à son ceinturon.

L'heure était venue...

...

Il attrape la poignet de la porte et la pousse, découvrant les couloirs du bunker de leurs hôtes. Une renaissance (ou presque) vient d'opérer... Il avance le long du premier couloir et se dirige peu à peu vers la grande salle commune...

Maria déboula derrière le Scal, discret comme un petit Chat qui débarque toujours quand on ne s'y attend pas.

Elle regarda Scal de la tête aux pieds.

"Alors l'Ordre, il parrait qu'on s'encrasse?" Laché sous le ton de l'humour, elle accompagne sa petite vanne d'un regard vers le cambouis...

"Votre chef va mieux on dirait..."
La douche allait devoir attendre...

Un bruit de pas dans le couloir, le son se répercute sur les murs et les plafonds et parvient jusqu'à ses oreilles assez rapidement... 340 m/s pour se déplacer, comme l'onde qu'il était, rebondir sur chaque parois qu'il rencontrait et venir se perdre dans le système auditif de toute personne présente, s'y atténuer, s'y loger...

Ce pas assuré et la présence qui s'approchait. Un bref instant, une demi seconde, le capitaine ferma les yeux, il avait l'impression d'avoir déjà vécu cette situation. Peut être que dans son long sommeil éveillé, il était sorti sur le pas de sa porte et avait déjà entendu ce bruit particulier, marié à cette démarche spécifique pourtant.

Après la vibration du pas, ce fut celle de la voix qui se mit en scène. Jess était définitivement là et venait de le saluer.

« Bonsoir Jess ! »

Il tourna la tête, un léger sourire aux lèvres mais qui disparut bien vite quand la suite des paroles arriva. Une nouvelle trahison dans cette équipe. L'invitation du Serbe à prendre à café lui était très alléchante. Voilà bien longtemps qu'il aurait du s'y mettre... au café.

« Je crois que c'est une bonne idée. Je te suis. »

Il emboita le pas à son allié, remarquant au passage la présence de Scal au bout du couloir, il lui fit un signe de tête, sourire à nouveau aux lèvres, un signe de tête qu'ils avaient l'habitude d'utiliser "avant", un signe qui promettait une discussion prochaine, mais aussi signifiait une certaine joie de revoir l'un des fidèles de l'Ordre, et surtout, de le revoir en pleine forme et possession de ses moyens.

« Bon alors raconte moi exactement... Qu'est ce qu'il lui a pris à Jason ? »

En même temps qu'il pensait à Jason il pensait à Khélia, allait-elle bien avec ce départ ? Est-ce que Jax au moins était toujours là. Il l'avait laissée tomber avec cette demi vie... Après la discussion avec le maitre des lieux, il irait la voir...

Il continuera de suivre Jess jusqu'à leur arrivée.

Il faisait bon sur la terrasse. On avait beau être le plus proche du soleil que les autres clochards du sol, ce n'était toujours pas l'été indien en altitude. Il y avait ce putain de vent montagnard qui te forçait à garder un truc sur la peau. Pas moyen d’exhiber ses tatouages. Ces derniers temps il y avait du squat sur cette fameuse terrasse. On y bouffait des grillades et de multiples pauses café-alcools avaient lieu. Juan retournait le saucisses sur la grille du barbac quand les 2 leaders du coin ramènent leurs fraises. Pas le bout du gland mais plutôt leur blaze. C'était pour le café ou les bouts de cochon grillés?

-Hey Jess, Stark!
Café ou dé merguez?
On a uno semblant dé pain avéc.

Ambiance vacances et détente malgré le fait qu'ils soient tous ici la dernière bonne cible des bâtards nordiques.

Des couloirs, des escaliers, des bifurcations... Le chemin sous terre pourrait paraitre long mais ne l'est pas tant que ça. Des mois maintenant qu'ils sont ici dans ce bunker en altitude, un peu près à l'abri des menaces extérieures, coupés du monde en quelques sortes. Ces couloirs il les connaissait bien aussi, il en avait parcouru des mètres dans les couloirs sombres aux heures de désertifications des zones de vie.

Pendant le trajet, Stark écoute et capte les informations que lui donne son confrère chef de groupe à propos de Jason, le photographe. Stark n'avait pas souvent parlé avec lui. Mais malgré tout il faisait parti du groupe et ce départ n'était pas une bonne chose pour le groupe. Mais le Capitaine n'était pas au bout de ses surprises, il verrait bientôt que plusieurs autres "départs" s'étaient produits.

« Je vois oui... J'ai déjà pu être confronté à ce type de traumatismes. Il nous faudra tenter de le retrouver, ou de retrouver sa trace. Vérifier s'il est toujours en vie. »

Quelques pas encore et la voix de Juan, un des hommes de Jess se fait entendre. L'odeur de viande cuite sur la terrasse aurait pu être bien appétissante, mais ce qu'il attend c'est un bon café serré histoire de totalement évacuer la brume de son esprit.

« Salut Juan, tu vas bien ? Je prendrai seulement un café cette fois. La viande pour plus tard peut être. Merci quand même. Tout se passe bien ici ? »

Le capitaine suit Jess jusqu'à la préparation de café pour apprendre à ce moment la disparition des Childrens, trahis par une femme. Le monde allait de plus en plus mal.

« Les Childrens aussi... Bah qu'ils viennent Jess, on les attendra ici de pieds ferment. Peut être bien que tout ce qui a été fait jusque maintenant n'avait que pour objectif celui là ? Une ultime confrontation ici, dans ces falaises, contre le plus grand fléau de ces terres. »

Il prend un instant de pause puis continue :

« Je ne crains pas la mort. Je sais qu'elle m'attend au détour d'un virage. Les hommes comme nous devons vivre avec cette idée. Les chemins que nous empruntons, nos actions, les vies que l'on a prise, tout ça se paye un jour. Faisons juste en sorte d'en emmener le plus possible avec nous. La seule chose qui me gêne, c'est la mort de ceux qui ont placé leur confiance en moi pour les protéger et les sortir de cette merde. Voilà la seule et unique chose qui me préoccupe : la sécurité des nôtres. »

Stark ferme un bref instant les yeux, profitant de l'air extérieur.

Il était vrai que Jess avait déjà eu l'occasion de croiser les Basterds, à une époque. Il se souvenait, le capitaine du sauvetage avec les moyens qu'avaient les fomoires à l'époque. Les Fomoires... Une belle époque... Une époque cependant où beaucoup d'erreurs avaient été commises...

Lorsque le Serbe lui tend la tasse, il la prend, faisait attention de ne pas trop se cramer les doigts, en les plaçant sur les bordures les moins chaudes. Il attrape un sucre et le jette dans la marée noire et fumante, créant une belle onde qui se propage à l'intérieur du récipient.

Un solde tout compte dévastateur ? Ce serait certainement la même chose pour lui. C'était ainsi. On vivait par l'épée, on mourrait par l'épée... Lorsque Jess parle des retours qu'il a eu, Stark remue légèrement la tête confirmant ce que dit son interlocuteur.

« C'est vrai, la neutralité n'a pas sa place dans ce monde. Et il faut toujours raisonner en pour ou contre. Il n'y a pas de choix intermédiaire. Les choix intermédiaires sont fait pour les traitres et les lâches. Comme cette femme qui aurait trahi le sud. Encore une qui a tellement peur de mourir qu'elle ferait n'importe quoi. M'enfin on peut rien contre ça. Quoi qu'on fasse, il y aura toujours de ces lâches parmi les hommes. »

Il boit lui aussi, le liquide chaud s'écoule dans sa gorge et la chaleur se dissipe dans son torse au fur et à mesure de la descente vers l'estomac...

« Bon... Y'a d'autres informations que je devrais savoir, des trucs qui se sont produits quand... j'étais pas là ? »

Il boit une seconde gorgée de sa tasse, se brûlant la langue, mais une gorgée qui vient presque à bout de la quantité de liquide contenu dans le récipient. Il observe le Serbe un instant avant de contempler de nouveau le ciel au dessus d'eux.