Arrivée de Moira à Outpost Bunker

Tout était allé si vite depuis ce dernier feu de camp au creux d’une dune glacée. Les chameaux avaient avancé de leur pas lent plusieurs jours durant pour arriver jusqu’au pied de la montagne, aucun membre de la petite troupe n’avait desserré les dents de tout le trajet.

Tous suivaient Gouache, et Moira bien calée à l’arrière du chameau se laissait endormir par les mouvements tranquille de la bête, tout en regardant la silhouette du chef de groupe danser au rythme de ses mouvements.

*J’espère que je ne vais pas avoir mal au cœur, j’ai l’impression d’être sur un bateau en pleine mer du Nord par temps hivernal.*

Interrompue dans ses pensées, lorsque le convoi s’arrêta, elle regarda au-delà de la silhouette devant elle et vit un bâtiment pré-crash, une bâtisse à l’avant de laquelle une grande roue crénelée ne semblait qu’attendre leur arrivée pour se mettre à travailler.

Elle n’arrivait pas à le croire. *Un téléphérique ?! Ici ?! Mais … mais il faut combien d’hommes pour faire tourner cette machinerie ?!*

Gouache menait toujours le pas, en tenant par la bride son chameau, et Moira, libre de ses jambes, la suivit quant à son habitude, pendant que sa cheffe parlementait avec ce qui semblait être les concierges armés du lieu. Elle resta derrière elle, telle son fantôme, puis en empruntant plusieurs couloirs, le groupe arriva à la cabine de téléphérique. Les chameaux semblaient avoir l’habitude et ne furent pas harnachés aux sangles qui descendaient du plafond.

Sans un bruit, la cabine s’éleva dans l’air glacé, Moira s’était placée tout à l’avant pour n’en pas perdre une miette, autour d’elle seuls les sapins enneigés traçaient le couloir du téléphérique.



Enfin, au bout d’une quinzaine de minutes, ils arrivèrent dans un petit bâtiment, d’où ils durent à nouveau prendre un autre téléphérique. Le sommet de la montagne était à peine visible et au bout d’un moment, elle put enfin apercevoir au loin une pointe au sommet d'un pic rocheux.



Elle se retourna pour regarder les autres. Tous avaient l’air de trouver normal de se diriger vers un lieu qui semblait aussi inhospitalier, battu par les vents et la glace, aussi sinistre qu’une prison. Pendant les longues minutes restantes avant d’arriver, elle se cramponna à la barre devant elle, ne pouvant détacher son regard de l’endroit dans lequel on l’emmenait.
Devant elle, s’ouvrait dans la roche glacée, l’entrée sombre du nid d’aigle.




Ca y est, c’était la fin, elle sentait que jamais elle n’en reviendrait.

" Bonjour, tout s'est bien passé, merci. Et vous, rien ne s'est passé? "

Tout en accompagnant la bête vers un des ses amis présent, il répond comme si rien n'était:

- Nouanda, Steeve et Kosan ont rattrapé trois pillards. Ils sont morts.

Gouache les présente et c'est tout naturellement que le meneur du lieu tend la main vers l'homme d'un certain age.
La monture est amenée vers l'enclos-réserve quand Milo tend la main vers la femme.

- Pas courant comme prénom, ça vient d'ou ?

Et oui, le balafré était bien loin de savoir qu'il avait déjà été en contact avec elle.

En attendant la réponse, il montre du menton l'accueil bar à la Barmaid.

- Tu peux enchaîner au bar pour des boissons chaudes Gouache. Je suis certain que ça vous fera du bien.
Enfin... tu connais, c'est chez toi.

Jess accompagnera tout ce beau monde vers le bar de réception.

Enfin de retour. Ca fait du bien parfois de retrouver le froid. Le défaut de la chaleur, c'est qu'au bout d'un moment, tu peux plus enlever de couches alors que pour le froid, y'a toujours un moyen de se réchauffer. En même temps, un Suédois dans le désert, c'est exactement comme un chameau en Antarctique, ça n'a aucun sens.
Une fois sorti du téléphérique, je m'étirais, tel un ours sortant de son hibernation et vint saluer Jess. Militairement mais avec le sourire
Au rapport patron. Vous voulez un rapport complet ou un simple "Tout s'est bien passé. Pas de pépin." vous suffit?
Dis comme ça, ça peut-être vachement vexant, mais j'y avais mis le bon ton, ce qui faisait passer ce qui aurait pu être une phrase cinglante et preuve d'une fatigue extrême comme une simple formalité.

Tout le beau monde se dirigeait vers le bar, refuge des égarés, port dans la tempête des alcooliques, lueur d'espoir des déprimés, etc...enfin bref...le meilleur endroit pour retrouver sa bonne humeur. Je fermai donc la marche. La vie dans ce bunker et le contact d'un grand groupe avec un esprit familial me rappelait mon ancienne vie. Ça réchauffe un peu le cœur...

Elle avait eu un moment de recul lorsqu'il avait tendu la main vers elle, puis voyant que pour l'instant ses intentions n'étaient pas hostiles, elle avança la main pour effectuer la poigne, synonyme qu'elle n'était pas armée.
La force de son bras était faible et peu sûre d'elle, pourtant, lorsqu'il lui demanda l'origine de son prénom, elle pu le regarder directement de face ...

*Dieu qu'il est laid ... je me doutais bien qu'il avait la gueule amochée lui*

... pour lui répondre par un hochement d'épaules d'ignorance. Le nombre de fois que des personnes s’intéressaient à sa courte existence lui posaient cette question, l'énervait au plus haut point.

Elle n'avait qu'une envie : accompagner Gouache jusque dans le "bar" pour boire une revigorante boisson chaude. L'être rustre qui les avait accompagné sans desserrer les dents ne semblait pas des plus amical et avait l'air terriblement pressé d'en finir avec les formalités pour aller se mettre au chaud.

Le bar! Refuge des égarés, phare au milieu de l'océan des...oui je sais je l'ai déjà dit! Oh ça va...
Bref. On s'installai enfin au comptoir. Gouache proposa aux deux nouveaux ce qu'ils désiraient. J'attendis qu'elle les eut servi avant de commander à mon tour.
Si tu as un hydromel, je suis preneur.

L'hydromel...c'était surtout le meilleur moyen de me rappeler la maison. Plutôt le cabanon de forêt dans lequel on se rendait entre deux contrats Un vrai paradis. C'était un vieux chalet qu'on avait rebâti pendant un été. Il était grand, avec plusieurs chambres, une grand salle à vivre, un hall où nous nous retrouvions pour les repas, et même d'une cave transformée en salle de jeux et de muscu. C'était le rêve. J'adorais ces soirées à boire de l'hydromel sous les aurores boréales... Cette vie me manque.
C'est une boisson typique du pays, faîte à base de miel qu'on a laissé fermenter. Les guerriers vikings s'en servaient déjà pour les fêtes, contrairement au calva qui servait à redonner de la pêche sur les champs de batailles. Ca me rappelle une histoire. Y'avait un petit village, au nord de la Suède, où vivait un homme qui passait ses journées à boire de l'hydromel à la taverne du coin...
Et voilà que je me lance dans une de mes anecdotes...Je me lève carrément pour mieux imiter la scène. Bah, voyons le bon côté des choses. Cette histoire va détendre tout le monde et faire oublier un peu les tracas quotidiens.
Vint un jour où quatre bandits entrent dans la taverne avec l'intention de foutre un peu le bordel et de picoler gratos. Les gars emmerdent la serveuse et renversent une corne d'hydromel. Not' poivrot se lève, va vers le plus grand des 4 et lui dis
Mon gars...j'te conseille de t'arrêter sur le champ
Le balourd ne l'écoute en rien et lui envoie en guise de réponse son poing en direction de sa tête. L'ivrogne esquive, attrape le bras du malfrat et lui brise comme une brindille. Ses potes viennent l'aider mais lui, en quelques passes TCHAC! SCHBIM! BAM! CRAC!...il les mets tous en déroute. Les clients ont voul l’acclamer mais lui, il s'est contenté de s'accroupir et de dire, tristement
Un si bon nectar...Personne ne devrait le gâcher...

Le barbu racontait sa blague d'alcool histoire de ressasser les vieux souvenirs. Moira, peu intéressée par ses histoires éthyliques, tendait tout de même l'oreille histoire de vérifier que rien ne dégénère et qu'il restait bien calme.

Ce n'est qu'avec surprise qu'elle vit arriver une femme qui s'assit juste à côté d'elle. Enfin une autre présence féminine. Elle avait eu si peur de ne devoir se retrouver qu'en majorité de brutes ne songeant qu'à faire jouer leurs hormones.

Soulagée de constater qu'elle était au moins d'apparence "normale" ni de nature belliqueuse, elle appréciait la sérénité qui se dégageait de sa personne.

Moira fit un sourire de satisfaction à cette approche et à sa présentation en la regardant droit dans les yeux pour lui exprimer son contentement, puis à l'aide de sa petite cuillère trempée dans son thé, elle traça sur le zinc les lettres suivantes M O I R A puis posa la main sur sa poitrine en inclinant légèrement la tête.

Mona passa la tête par la porte d'entrée. Les uns virent un visage familier, les autres une tête emmitouflé dans un bonnet en laine. Une écharpe lui couvrait le bas du visage. Elle tire dessus, fait apparaître sa bouche :

- J'peux rentrer ?

Un sourire barre soudain son visage laissant apparaître ses jolies dents.

Moins d'une heure après c'est au tour de la lugubre d'embarquer vers les cieux.

Elle a rencontrée le groupe de gouache deux lunes plus tôt et rentrait avec elle mais par une autre voie, histoire de finir de jouer...
La rencontre avec Moira et Gérard fut brève, Mercredi peu loquace était pressée, en chasse et n'avait d'yeux que pour sa précieuse le soir où elle passa à leur camps sous prétexte d'un échange de vivres.
Elle ne porta pas plus d'attention aux survivants qu'à des bouts de viande.

Bref, formalité remplies, pur-sang aux écuries débarrassé de sa charge, la voilà en route vers la bar.
C'est encore dans sa tenue de cuir noir qu'elle passe la porte, pistolet à la ceinture, serré contre sa cuisse par une sangle,
une paire de mitaines sous laquelle apparaît un morceau de toile blanche, comme des bandages, cheveux plaqués qui laissent pointer ses oreilles rougies par le froid.
Oui, la lugubre ressent le froid même si son attitude n'en dit rien.

Elle se fiche à l'entrée un instant, le temps de détailler les personnes présentent, son regard se porte un moment sur la tache au sol mais ne s'y attarde pas.
Un signe de tête pour saluer tout le monde à la fois avant d'approcher en direction de Gouache et Kosan,
démarche souple et sûr d'elle avec un infime sourire en coin adressé à son Serbe et à la tenancière qui a déjà repris ses fonctions.